Crématorium d’Aarau

Une petite ballade sur les pas de mes ancêtres m’a mené notamment à visiter le beau cimetière d’Aarau. Son crématorium m’a tapé dans l’oeil: oeuvre de l’architecte Albert Froelich, il a tout d’une porte d’entrée sur le royaume d’Hadès.

Ce jour-là, j’étais muni du Polaroid Impulse acheté aux puces. Il faisait très froid, il gelait probablement. Il semblerait que le film Impossible 600 ait quelque souci avec le gel (cause des marques blanches?), mais je dois dire que j’apprécie beaucoup ces effets.

Polaroid’s not dead!

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Reflets du monde au bord du Léman

Le festival Images de Vevey se termine aujourd’hui. A nouveau une belle réussite, pleine de découverte, généreuse et populaire.  Un foisonnement de proposition dont il est difficile de venir à bout. Au terme de mes deux visites, j’aimerais évoquer deux chocs visuels, deux évènements qui font le plaisir des yeux et qui nourrissent l’esprit: Hand-Coloured Photography, de Lei Lei et Thomas Wauvin, ainsi que Gong Co de Christan Paterson.

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(c) Lei Lei & Thomas Sauvin

Le premier projet présente les versions retouchées grossièrement, découpées, collées, de photos souvenirs noir blanc de familles chinoises anonymes. Contrairement aux organisateurs qui indique « En se réappropriant des photographies du passé, ils révèlent l’infini potentiel narratif d’un cliché extrait de son contexte d’origine », ce n’est pas l’extraction du contexte qui m’intéresse. C’est plutôt une sensation de fraternité: ces personnes photographiées, soit dans leurs loisirs, ou parce qu’elles se sont rendues dans un atelier de photographie pour un souvenir de famille: leur démarche les rapprochent de toutes ces personnes anonymes, ces milliards de terriens à travers le monde, qui ont fait la même chose. Il y a de l’amour, de la tendresse dans ce projet. En outre, il montre une fois de plus que l’exploration de la photographie amateur du passé, la découverte des photos d’archives, est une source de renouvellement de l’art photographique.

Quant à Gong & Co, c’est d’abord l’émerveillement qu’inspire le lieu de l’exposition, le Café des mouettes,  bel espace aux parois dénudées, nostalgie du lieu qui parle d’une vie passée, évanouie et qui répond au contenu de l’installation de Chris Patterson. Le projet est une superbe démonstration de la célèbre phrase d’Andy Wahrol: « All department stores will become museums, and all museums will become department stores« . Visiter cette 20160912_151528reconstitution des rayonnages emplis de la marchandise avariée d’une épicerie abandonnée du Mississipi, c’est réellement faire un voyage dans le temps, c’est un récit historique autant qu’une belle fiction qui fait réfléchir. J’ai particulièrement apprécié l’arrière-boutique et ses photos de femmes à poil avec, tout à côté, comme pense-bête pour le propriétaire, les trois règles pour devenir riche… Bref, ce magasin est réellement devenu un musée, et Christan Patterson nous fait réfléchir sur ce qui fait notre culture, ce que nous considérons comme notre culture.

 

 

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L’insaisissable portrait du lis martagon

Cela fait quelques mois que je les ai reçus et je ne les ai toujours pas essayés, mes objectifs Holga qui s’emboîtent si bien l’un dans l’autre: le 60 mm et son compagnon l’oeil de poisson. Ma sortie prévue du Bévieux aux Plans-sur-Bex en passant par Javerne et le vallon du Pont-de-Nant s’annonçait idéale pour les tester.

Autant dire que j’ai été déçu en bien comme on dit par chez nous. Mais il y a quand même certains risques à vouloir obtenir le bon point de vue du lis martagon quand celui-ci se loge au sommet d’une pente dangereuse. D’autres photographes du dimanche ont certainement disparus dans une telle tentative, glissant dans l’herbe menant aux falaises. J’espère au moins qu’ils ont gardé le doigt sur le déclencheur! Quels clichés ont-ils dû réaliser ainsi!

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Ergnau au-dessus du Bévieux

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La Pointe des Savolaires

Grand Muveran, ecKnellwolf, CC-BY

Le Grand Muveran depuis le Trou à l’Ours

Trou à l'Ours, ecKnellwolf, CC-BY

Le Trou à l’Ours

Lis martagon devant le Trou à l'ours, vallon du Pont-de-Nant

Lis martagon devant le Trou à l’ours, vallon du Pont-de-Nant

 

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30 juillet 2016 · 21 h 14 min

Saint-Pierre de Rome

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Je pose mon sténopé sur une barrière pour le stabiliser. Il y a un monde fou qui passe et je suis sûr que ça sera trop sombre. Je fais le test avec le canon: l’ouverture réglée à f/22, je vise et je vois que la prise de vue nécessite une demi-minute. Allez, hop, on inspire un bon coup, 30 secondes, et on referme.

Une image fantomatique dans un lieu chargé de mémoires entrecroisées: c’est bien le résultat que je cherchais.

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Les rumeurs du Colosse

Colisée, Rome, 31.12.2015

L’amphithéâtre flavien, plus connu sous le nom de Colisée (Rome, 31.12.2015; photo au Diana+, développée au Caffenol)

La foule rugissait, les femmes s’agrippant aux cheveux des spectateurs assis un rang plus bas, les hommes retroussant leurs babines et découvrant les chicots jaunâtres qui leur servaient de dents. Sur le sable de l’arène, les fauves apeurés se recroquevillaient et tentaient d’ouvrir de leur pattes les trappes par lesquelles ils étaient entrés.

De sa place, l’empereur a levé la main pour signaler le début d’une orgie sans précédent.

2000 ans que j’arpente ces lieux, les rues, les terrasses, les places, les arcades des quartiers environnants; et toujours l’odeur de sang de ces journées dans mon esprit et mes narines. Je me tourne vers les ruines et l’espace d’un instant, je vois luire à nouveau l’immense statue de bronze à l’effigie de Néron; s’agiter dans le vent les banderoles de couleur accrochées aux parois  du cirque; vibrer l’air sous les clameurs de la populace et les cris des gladiateurs.

Alors le goût de l’hémoglobine agite mes papilles, et je passe lentement la langue sur mes canines; je repère rapidement le promeneur solitaire que personne n’attendra ce soir. M’accrochant à ses pas, je me glisse dans les ombres formées par les vestiges, l’esprit entièrement fixé sur le festin qui bientôt sera le mien.

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Caffenol (ou la Sainte Trinité)

Je suis tombé récemment dedans, et je crois que je ne vais plus en sortir. Le Caffenol, c’est l’avenir de ma photographie.

 

Eglise de la Sainte-Trinité (appareil: Diana+; film: Ilford HP5; développement au Caffenol)

Eglise de la Sainte-Trinité à Paris (appareil: Diana+; film: Ilford HP5; développement au Caffenol)

Cette photo est à la base un raté: je n’avais pas réussi à enrouler jusqu’au bout mon film dans la spire (il faut dire que c’était la première fois que je le faisais avec un film 120). Mais au final, le résultat me va bien.

Un grand merci à Thierry Deloraine et son site hyper riche, puis aux auteurs du livre de recette au Caffenol (si si, le Caffenol Cookbook!) Thanks a lot to you all guys!

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Pyramide satellite d’Abou Rawash, avril 2002

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Film: diapositive Ilford; appareil: Konica

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La Métamorphose

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Franz Kafka en 1910, photo: Zdroj. (Wikimedia Commons – https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Franz_Kafka_1910.jpg)

Un matin, au sortir de rêves agités, Gregor Samsa se trouva, dans son lit, transformé en une monstrueuse vermine.

Il y a cent ans paraissait « La Métamorphose » de Franz Kafka, éditée en décembre 1915 à Leipzig. Quoi de mieux pour commencer l’année que de se plonger dans un classique de la littérature mondiale? Il y a certes plus sombre que Kafka, mais guère de plus oppressant…

Description sèche, sans pathos, détails objectifs, on pourrait, sans rire, parler d’une description entomologique, mais l’insecte n’est pas forcément où l’on croit. Au-delà de l’anecdote et des recherches biographiques qui nous assurent que Franz Kafka a tiré son inspiration de sa propre vie familiale, c’est la portée universelle de la nouvelle qui nous touche.

La famille Samsa cache son fils honteux, Gregor, qui, déjà avant sa métamorphose, gênait le traintrain quotidien de chacun. Le père ne supportait pas l’humiliation de dépendre des revenus de son fils, et la soeur ne partage pas les ambitions musicales que lui prête son frère, qui lui finance des cours de violon. Représentant de commerce, il est une honte pour tout le monde. Sa transformation en cafard n’est qu’une conséquence naturelle de son isolement social et familial, mais elle présentera l’avantage de permettre à ses proches de l’enfermer dans sa chambre, puis de le blesser à mort, sans qu’ils n’en ressentent aucun remord. Gregor n’a plus rien d’un humain à leurs yeux.

La Métamorphose de Franz Kafka, une fable noire qui ne manque pas de nous faire réfléchir cent ans après sa parution.

 

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En forêt

Aigle, 2014

Aigle, 2014

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Marc Batalla. Peintures

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J’aime, en automne, la récolte de ces fruits qui ont lentement maturé pour nous réconforter alors que l’hiver se rapproche. Dans mon jardin, ce sont d’abord les raisins; puis les figues se dépêchent de foncer au dernier soleil; enfin les courges se montrent sous l’amoncellement de leurs nombreuses feuilles.

Cet automne, j’ai reçu l’un de ces fruits longuement mûris, un cadeau que j’ai déballé avec soin. Je l’ai soupesé, reniflé,  puis entrouvert. Sur la couverture une belle photographie; à l’intérieur, des tableaux, et quelques lignes d’introduction. Un petit livre, ou plutôt une porte ouverte sur l’atelier d’un peintre. Mais trêve de commentaires, lisons plutôt ses mots :

« Mes peintures se font à l’atelier. L’espace y est clos et fermé sur lui-même. J’y trouve toute chose dont j’ai besoin. J’emplis mon regard d’objets au gré des actions ordinaires qui occupent nos vies: débarrasser un coin de table, ranger une pile de livre, chercher une boîte d’allumettes. Mes mains prélèvent des éléments anodins et disposent distraitement sous mes yeux des présences nouvelles. »

Ne cherchez pas chez Marc Batalla le spectaculaire. Pas de Grand Canyon, ou d’expérimentation hors du commun. L’aventure est ici intérieure. Ses peintures nous montrent la beauté du quotidien, des petites choses que nous utilisons chaque jour, et que nous oublions de voir. Pour moi c’est un plaisir toujours renouvelé que de tenter cette aventure, lors des expositions, une visite de son atelier, ou comme ici, avec la lecture de ce petit ouvrage.

Pour en savoir plus, c’est par ici !

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