Le festival Images de Vevey se termine aujourd’hui. A nouveau une belle réussite, pleine de découverte, généreuse et populaire. Un foisonnement de proposition dont il est difficile de venir à bout. Au terme de mes deux visites, j’aimerais évoquer deux chocs visuels, deux évènements qui font le plaisir des yeux et qui nourrissent l’esprit: Hand-Coloured Photography, de Lei Lei et Thomas Wauvin, ainsi que Gong Co de Christan Paterson.
(c) Lei Lei & Thomas Sauvin
Le premier projet présente les versions retouchées grossièrement, découpées, collées, de photos souvenirs noir blanc de familles chinoises anonymes. Contrairement aux organisateurs qui indique « En se réappropriant des photographies du passé, ils révèlent l’infini potentiel narratif d’un cliché extrait de son contexte d’origine », ce n’est pas l’extraction du contexte qui m’intéresse. C’est plutôt une sensation de fraternité: ces personnes photographiées, soit dans leurs loisirs, ou parce qu’elles se sont rendues dans un atelier de photographie pour un souvenir de famille: leur démarche les rapprochent de toutes ces personnes anonymes, ces milliards de terriens à travers le monde, qui ont fait la même chose. Il y a de l’amour, de la tendresse dans ce projet. En outre, il montre une fois de plus que l’exploration de la photographie amateur du passé, la découverte des photos d’archives, est une source de renouvellement de l’art photographique.
Quant à Gong & Co, c’est d’abord l’émerveillement qu’inspire le lieu de l’exposition, le Café des mouettes, bel espace aux parois dénudées, nostalgie du lieu qui parle d’une vie passée, évanouie et qui répond au contenu de l’installation de Chris Patterson. Le projet est une superbe démonstration de la célèbre phrase d’Andy Wahrol: « All department stores will become museums, and all museums will become department stores« . Visiter cette reconstitution des rayonnages emplis de la marchandise avariée d’une épicerie abandonnée du Mississipi, c’est réellement faire un voyage dans le temps, c’est un récit historique autant qu’une belle fiction qui fait réfléchir. J’ai particulièrement apprécié l’arrière-boutique et ses photos de femmes à poil avec, tout à côté, comme pense-bête pour le propriétaire, les trois règles pour devenir riche… Bref, ce magasin est réellement devenu un musée, et Christan Patterson nous fait réfléchir sur ce qui fait notre culture, ce que nous considérons comme notre culture.